POUR DIFFUSION IMMÉDIATE 15 juin 2011
Une coalition de groupes de femmes va soutenir en Cour d’appel que la Charte ne garantit pas aux hommes un droit à la prostitution des femmes.
Une coalition pancanadienne de groupes de femmes en quête d’égalité comparaîtra le 16 juin 2011 en Cour d’appel de l’Ontario dans la cause opposant Terri Jean Bedford, Amy Lebovitch et Valerie Scott (intimées dans l’appel) et le Procureur général du Canada (appelant dans l’appel).
La Coalition des femmes pour l’abolition de la prostitution invitera le tribunal à maintenir les lois qui interdisent aux hommes d’acheter, de vendre et de profiter du corps des femmes, et à abroger les lois qui pénalisent les femmes impliquées dans l’industrie du sexe.
La Coalition des femmes rejette à la fois la position de l’appelant sur le maintien du statu quo et la position des intimées quant à l’abrogation complète des trois dispositions contestées.
Selon Jeannette Corbiere Lavell, présidente de l’Association des femmes autochtones du Canada: « Les femmes autochtones sont surreprésentées et victimisées dans l’industrie du sexe, ce qui témoigne du lien entre le racisme et la misogynie dans la prostitution. Décriminaliser l’industrie de la prostitution ne fera que multiplier le commerce légal et illégal de l’achat et de la vente des femmes. »
« L’Association canadienne des sociétés Elizabeth Fry se joint à d’autres groupes de femmes et groupes égalitaires pour réclamer la décriminalisation des femmes qui sont prostituées, soumises à la traite ou autrement exploitées et objectifiées par le commerce du sexe », ajoute Kim Pate, directrice générale de l’ACSEF. « Toutes les femmes ont un droit fondamental à échapper au besoin », ajoute Pate, « notamment en accédant à des conditions de vie convenables (soit par l’aide sociale ou par un revenu convenable garanti), et par la prestation de services sociaux, de services de santé et d’options d’ordre pédagogique. L’ACSEF continue à dénoncer comme criminelles les actions des personnes qui font la promotion de la traite et de l’exploitation sexuelle des femmes et des filles et qui en tirent profit. »
« Continuer à criminaliser les personnes prostituées (qui sont majoritairement des femmes et des filles) équivaut à revictimiser des personnes défavorisées, contraintes, exploitées et violées », fait valoir Lee Lakeman, de l’Association canadienne des centres contre les agressions à caractère sexuel. « Mais refuser de continuer à criminaliser les prostitueurs, les pimps et les propriétaires de bordels équivaut à légitimer cette exploitation et à ancrer encore plus profondément l’inégalité des femmes. »
Parlant au nom de l’ACCACS, Lakeman souligne que « les droits des femmes appellent une protection gouvernementale contre toutes les formes de violence sexiste et d’exploitation sexuelle, tant aux termes du droit criminel que des principes internationaux des droits de la personne. Le droit criminel ne suffit pas, mais son rôle est essentiel. La tolérance de la violence sexiste et de l’exploitation sexuelle de femmes individuelles affecte, comme tous les autres crimes motivés par la haine, la dignité et la qualité de vie de l’ensemble des filles et des femmes. »
La porte-parole de la CLES, Diane Matte, affirme à ce sujet : « Nos attentes sont de pouvoir revenir à la question de fond concernant la légitimité de l’achat d’actes sexuels. Le modèle nordique développé par la Suède, la Norvège et l’Islande, démontre que l’atteinte de l’égalité entre les femmes et les hommes nécessite de remettre en question la marchandisation du corps et de la sexualité des femmes ».
Organisations membres de la Coalition des femmes pour l’abolition de la prostitution:
ACCCACS – Association canadienne des centres contre les agressions à caractère sexuel ACSEF – Association canadienne des sociétés Elizabeth Fry
AFAC – Association des femmes autochtones du Canada
AOcVF – Action Ontarienne contre la Violence faite aux Femmes
La CLES – Concertation des luttes contre l’exploitation sexuelle
RQCALACS – Regroupement québécois des centres d’aide et de lutte contre
les agressions à caractère sexuel
VRRWS – Vancouver Rape Relief & Women’s Shelter
Contact Médias :
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Diane Matte (514) 601-4536, [email protected]